Kenya : « Nous sommes déjà le hub numérique de l’Afrique ! »
Google, Facebook, Samsung, I hub : tous sont venus au forum NextTech Africa, la grand-messe de la tech africaine. Une aubaine pour le pays.
« NexTech Africa est l’occasion d’accélérer l’usage des produits et services conçus pour répondre aux réalités africaines. C’est aussi l’opportunité de mettre sous le feu des projecteurs des solutions de classe mondiale conçues en Afrique et qui sont prêtes à être commercialisées à l’international », annonce d’emblée Amrote Abdella, la directrice régionale de Microsoft 4Afrika à l’initiative de la première édition d’un forum inédit, tenu les 2 et 3 février à Nairobi, au Kenya.
Et si le choix s’est porté sur Nairobi pour cette première, c’est loin d’être un hasard. Encore moins si les leaders mondiaux, dont Microsoft mais également Google, Facebook, Samsung, IBM et autres, se sont implantés au Kenya. Mais parce que le pays des safaris connaît aujourd’hui une autre source d’attractivité, les nouvelles technologies en plein essor dans un pays qui se positionne comme le hub numérique de l’Afrique. La directrice régionale de Microsoft 4Afrika explique : « Le lieu de rendez-vous des leaders de la technologie et du monde des affaires, des ingénieurs Microsoft, des développeurs locaux et des entrepreneurs. Cela leur permet de discuter des opportunités de collaboration pour l’émergence d’une technologie adaptée au contexte local. »
Konza Technology City, vitrine de l’ambition kényane
Vitrine de cette ambition, Konza Technology City. Sur un site de 2 000 hectares, situé à une soixantaine de kilomètres de la capitale kényane, KTC doit voir éclore au cours de cette année l’ensemble de l’écosystème destiné à consacrer le Kenya comme hub numérique du continent. À savoir, les leaders mondiaux du secteur, les chercheurs, universitaires et autres promoteurs de l’innovation made in Kenya, et une multitude de start-up destinées à devenir non pas des champions nationaux, mais internationaux. Un projet phare de la feuille de route gouvernementale Vision 2030, dont la vocation est de faire du pays une nation émergente à l’horizon 2030, KTC doit créer 20 000 emplois en cinq ans, plus de 200 000 à terme.
Rebaptisé « Silicon Savannah » – parce que né en pleine savane –, il représente un budget de plus de 10 milliards de dollars, essentiellement financés par les partenaires privés attirés à coup de cadeaux fiscaux et autres mesures incitatives… Mais également par un pays déjà attractif dans le domaine, en premier pour son taux de pénétration, passé d’un peu plus 60 % en 2012 à plus de 80 % aujourd’hui , près de 100 % chez les 15-64 ans ! Un des moteurs du développement économique du pays, à plus de 6% de croissance cette année, où 18 millions de consommateurs utilisent le téléphone portable pour déposer, transférer, de l’argent ou payer des factures. Un mobile qui draine également 90 % des prêts bancaires.
Made In Kenya
De quoi laisser Sheilah Birgen affirmer : « Nous sommes déjà le hub numérique de l’Afrique. » CEO de mLab Est Africa, un incubateur d’entreprises installé dans le bulding iHub, la Mecque de l’innovation technologique made in Kenya. Établi au sein du Bishop Magua Center, à Nairobi, l’iHub, créé en mars 2010, se veut être un catalyseur de la communauté technologique kényane, accueillant entre autres iHub Research, m : lab, Consulting, UX Lab… « Nous n’avons pas besoin d’attendre Konza, car iHub offre déjà cet écosystème, c’est déjà la vitrine du potentiel kényan en matière de Ntic ! assure Sheilah. M pesa a créé un élan : les jeunes veulent créer des produits équivalents. Par exemple, Uber vient à peine d’arriver qu’on a déjà une application concurrente. Et c’est pour cela que j’ai choisi de travailler dans ce secteur, comme pour nombre de jeunes, je suis sûr que c’est l’industrie la plus florissante. Moi, j’ai deux passions, l’entrepreunariat des jeunes et les Ntic. Et comme souvent chez les jeunes, je trouve que les choses n’avancent pas assez vite dans le pays, le continent… Mais avec les Ntic, c’est le contraire, tout va si vite ! » Et dans un pays où le chômage touche 40 % de la population active, les jeunes en premier lieu (70 %), le secteur offre une véritable alternative.
Incubateur continental
« Même si toutes les start-up ne vont pas durer, l’usage des nouvelles technologies va leur permettre d’accéder à d’autres emplois, comme consultant par exemple. Toutes les sociétés aujourd’hui, tous les secteurs font appel aux nouvelles technologies. C’est pourquoi nous encourageons les jeunes à s’y former. » M Lab, qui propose plusieurs programmes de formation aux Ntic, a ainsi formé 500 entrepreneurs entre 2011 et 2014. Et sur 32 entreprises incubées, 80 % existent encore ! Même succès chez Akirachix, un autre incubateur, dédié cette fois aux femmes, également basé chez iHub, créé en 2010. « Nous recevons différents types de profil, des femmes tout juste diplômées qui veulent évoluer dans le secteur des Ntic ou d’autres, déjà en poste et qui veulent se former ou se perfectionner, explique Marie Githinji, cofondatrice d’Akirachix. Elles ne vont pas toutes devenir programmeur, mais il s’agit de les convaincre que les nouvelles technologies leur offrent de nouvelles possibilités. Sur 22 femmes formées, 75 % ont trouvé un emploi ou créé une activité. » Et pour donner plus d’écho à leur initiative, Akirachix organise chaque année une conférence annuelle, Women in Tech in Africa. La prochaine édition se tiendra en novembre. À Nairobi toujours, nouveau centre de gravité des geekeuses du continent… et bien au-delà !
Le Point Afrique