Gabon : Tous prêts à monter dans le train de la transition

Gabon : Tous prêts à monter dans le train de la transition
Après avoir renversé Ali Bongo Ondimba, le Général Brice Oligui Nguema a prêté serment, en tant que président de la transition, le lundi 4 septembre 2023. Le général devient ainsi le quatrième président de l’histoire de ce pays d’Afrique Centrale, après Léon Mba, Omar Bongo Ondimba et son fils Ali Bongo.
Une page se tourne
Un tournant historique majeur s’ouvre pour la politique gabonaise. C’est le crépuscule d’une dynastie qui a régné sans partage pendant plus de cinquante ans, la famille #Bongo. Ce règne incontesté est désormais révolu, et c’est un fils « adoptif », Brice Oligui Nguema, qui en a scellé le destin. Ancien aide de camp d’Omar Bongo, il fut ensuite le commandant de la garde d’Ali Bongo, mais aujourd’hui, il a renversé la famille Bongo de son trône. Le vent du changement souffle, apportant avec lui de nouvelles perspectives pour le Gabon.
Il est intéressant d’observer que tout le landerneau politique était présent. Le gouvernement déchu était bien en vue lors de cette cérémonie. Des personnalités telles que Rose Christiane Ossouka Raponda, qui occupait le poste de vice-présidente jusqu’au 30 août, ainsi qu’Alain Claude Bilie-By-Nze, qui dirigeait le dernier gouvernement d’Ali Bongo Ondimba, étaient présentes. On pouvait également voir les anciens présidents des deux chambres du Parlement, Lucie Milebou-Aubusson et Faustin Boukoubi, arborant de larges sourires.
Ce qui est tout aussi intéressant, c’est la présence d’anciens acteurs du Palais du Bord de Mer, qui semblaient avoir retrouvé leur place au cœur du pouvoir, après avoir passé plusieurs années dans l’opposition. La scène illustre à quel point la transition politique peut réunir des acteurs politiques de tous horizons dans le but de « façonner » l’avenir du pays.
Ainsi, un militaire, qui a conquis le cœur du peuple, a officialisé sa prise de pouvoir devant les membres d’une Cour constitutionnelle, brièvement mise en veilleuse dès les premiers instants du putsch. Cette institution a ensuite été réactivée pour conférer la légitimité au nouveau leader de Libreville. Le soutien populaire est clairement du côté de ce changement, et c’est un tournant décisif pour l’avenir du Gabon qui se dessine.
Combien de temps va durer la transition ?
Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a exprimé sa position de manière catégorique. Il considère que la transition qu’il dirige est un régime exceptionnel. En conséquence, il a proposé que le fonctionnement de la vie politique soit également exceptionnel pendant cette période, ce qui signifie qu’il n’y aurait ni opposition ni majorité pendant cette phase cruciale.
Quant à la durée de cette #transition, un sujet qui suscite un vif intérêt au sein de la classe politique, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a souligné qu’il ne prendrait pas de décision unilatérale à ce sujet. Il s’est engagé à consulter les partis politiques afin de parvenir à un consensus. Il a également affirmé que la transition prendrait fin par l’organisation d’élections libres et crédibles, démontrant ainsi son engagement envers un processus démocratique transparent.
Comme toutes les transitions, elle connaîtra son lot de retournements de veste, de trahisons. Les présidents des partis politiques qui prendront le risque d’y envoyer leurs « bons petits », pour les représenter, feraient bien d’ouvrir l’œil. L’expérience montre que lorsque « l’envoyé » mange à la « table du Seigneur », il prend de l’épaisseur, il prend de l’assurance, au point d’oublier qui l’a envoyé. Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, pour asseoir son autorité, n’hésitera pas à fragiliser les rangs de l’opposition, du moins ce qu’il en reste.
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Mais alors, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema fera-t-il du neuf avec du vieux ? Le président de la transition gabonaise ne gouvernera pas avec des extra-terrestres. Il dirigera le pays avec des gabonais, des hommes avisés, d’expérience et intègres !? Nous ne savons pas où il va les trouver, mais les gabonais attendent des signaux qui leur donnent d’espérer en des lendemains meilleurs. Or tous les crocodiles du marigot politique gabonais sont sur la ligne de départ, prêts à répondre à l’appel du pays.
L’opposition au régime déchu part en rang dispersé
L’opposition gabonaise se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. D’un côté, Albert Ondo Ossa, qui défend farouchement sa prétendue victoire lors de l’élection présidentielle du 26 août, même au risque de s’isoler. De l’autre, ceux qui refusent de demeurer de simples spectateurs dans cette période de transition, sous l’égide militaire.
Dimanche 3 septembre 2023, les leaders de la coalition Alternance 2023 ont été chaleureusement accueillis au palais présidentiel, en l’absence d’Albert Ondo Ossa. La situation s’articule désormais autour de deux acteurs clés au Gabon : le Général Général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui détient la force, et Albert Ondo Ossa, revendiquant la légitimité.
Tout bien considéré, la transition est en cours. Il est donc temps pour tous les acteurs politiques gabonais de regarder vers l’avenir, plutôt que de s’accrocher à des revendications contestées. Albert Ondo Ossa, qui risque de devenir le Martin Fayilu du Gabon, se retrouve seul à exiger le recomptage des voix et la proclamation des vrais résultats. Il serait bien avisé de changer de posture, en participant à la dynamique qui s’amorce. De nouveaux acteurs vont émerger, qui vont obliger à une redistribution des cartes.
Dans une volonté de ne pas crisper ce début de transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a rencontré, dans la nuit de lundi 4 septembre à mardi 5 septembre, Albert Ondo Ossa au domicile de dernier. Bien que rien n’ait filtré de leurs discussions, les gabonais espèrent que l’intérêt du pays primera sur toute considération.
Nous souhaitons que le Gabon, qui est l’un des pays les plus riches d’Afrique, va impulser véritablement la diversification de son économie qui dépend encore trop fortement de son pétrole. Le Gabon est doté d’abondantes ressources naturelles et d’un écosystème richissime. Le meilleur reste donc à venir pour le #Gabon, pourvu que ceux qui ont la charge de conduire le pays se comportent en hommes d’Etat, en leaders imprégnés d’une vision stratégique.
Frédéric Domesso Somda
domesso@mot2passe.com
Gabon: une transition… jusqu’à quand ? • FRANCE 24