Gabon: une ministre contrainte de démissionner une semaine après sa nomination
Décidément, avec les réseaux sociaux, les princes qui nous gouvernent n’ont pas de répit ! Irène Patricia Boussamba, promue ministre déléguée auprès du ministre d’Etat, ministre du Budget et des comptes publics a été sommée de démissionner, moins d’une semaine après avoir intégré le nouveau gouvernement. à la carte ou casting bâclé ?
Le nom d’Irène Patricia Boussamba nom apparaît dans l’opération mains propres dénommée « Mamba ». L’alerte a été donnée dans les réseaux sociaux et le gouvernement n’a pas tergiversé.
Sur sa page Facebook, les messages de félicitations et les souhaits de réussite dans ses nouvelles fonctions sont encore visibles. Irène Patricia Boussamba, n’a cependant pas eu le temps de s’installer dans son fauteuil de ministre.
Irène Patricia Boussamba n’a même pas pris part au conseil des ministre du 25 août dernier. Ce que confirme d’ailleurs la photo de famille du gouvernement, prise au sortir dudit conclave. «Elle a démissionné pour des raisons de convenance personnelle. Le Premier ministre l’a reçue et lui a indiqué les contraintes relatives à sa situation de prévenue, même si elle jouit de la présomption d’innocence», explique un membre du gouvernement.
Ancienne secrétaire de Magloire Ngambia, la ministre éphémère est sous le coup d’une procédure judiciaire relative à l’Opération Mamba, pour laquelle elle avait été entendue, gardée à vue et mise en liberté provisoire. Le 10 janvier dernier, son ancien patron a été placé sous mandat de dépôt délivré par le tribunal de première instance de Libreville. Ce réputé cousin d’Ali Bongo a été inculpé pour détournement de deniers publics. Les sources proches du dossier indiquaient alors qu’il serait accusé d’avoir détourné pas moins de 500 milliards de francs CFA et de s’être fortement mouillé dans des magouilles financières avec Guido Santullo, l’homme d’affaires italien en froid avec l’Etat gabonais. En juin dernier, des documents de l’enquête ayant fuité ont notamment mis en lumière un mail datant du 04 août 2011 rédigé par Irène Patricia Manguila Boussamba, alors secrétaire particulière du ministre en charge des Infrastructures, des Travaux publics et de l’Aménagement du territoire, demandant des faveurs à Guido Santullo pour le voyage d’une tierce personne en Italie.
On pourrait se réjouir de la décision d’Ali Bongo de moraliser la vie publique dans son pays, mais les gabonais attendent qu’il aille jusqu’au bout de sa démarche. Il se trouve qu’Irène Patricia Boussamba n’est pas la seule dans ce cas de figure. Des personnalités actuellement aux affaires et ayant elles aussi au moins été entendues, donc également sous le coup d’une procédure judiciaire, ne sont pas passées à la trappe. A titre d’exemple, Yves Fernand Manfoumbi a été énormément cité dans l’affaire Santullo Sericom. Notamment pour avoir certifié «service fait», en avril 2013 alors qu’il était directeur général du Budget (DGB), des travaux du Groupement Santullo Sericom, en vue du paiement de 8,75 milliards de francs CFA controversé par la suite, documents authentiques à l’appui. L’homme est ministre de l’Agriculture, de l’Elevage, chargé du programme Graine. Serait-on donc, avec Irène Patricia Boussamba, dans le cas d’une justice à la carte ?
En tout état de cause, avec la veille citoyenne qu’excercent les réseaux sociaux et particulièrement les lanceurs d’alerte en Afrique, de nouveaux paradigmes de la gouvernance de la chose publique sont entrain de s’écrire, au grand dam des princes qui nous gouverne. Et c’est tant mieux !
Origène Kolinka