Gabon : L’aide de Camp de Bongo Père renverse Bongo Fils !
Gabon : L’Aide de Camp de Bongo Père Renverse Bongo Fils !
Quelques heures après l’annonce de sa réélection, Ali Bongo a été renversé par des putschistes qui assurent avoir pris le pouvoir afin « d’instaurer un processus transparent et démocratique ». Pour la première fois depuis 55 ans l’homme fort du Gabon ne s’appelle pas Bongo.
Pourra-t-on parler véritablement du renouvellement du personnel politique au Gabon ? Pas si sûr… Il serait plus prudent d’attendre de voir comment la recomposition du landerneau politique gabonais va s’opérer.
Qui a renversé Ali Bongo ?
La chute d’Ali Bongo est tout simplement la conséquence de l’usure politique aux mains de cette dynastie familiale. Mais au fait, qui est le tombeur d’Ali Bongo ? Il s’agit du Général Brice Oligui Nguema, un des piliers du système sécuritaire du système Bongo. Il dirigeait la garde républicaine, l’unité militaire la plus puissante des forces armées gabonaises, chargée d’assurer la sécurité de la présidence et des grandes institutions de l’État.
Présenté comme le nouvel homme fort du #Gabon après le coup d’État qui a renversé Ali Bongo mercredi 30 août 2023, le Général Brice Oligui Nguema a été nommé « président de la Transition » par les putschistes. Après sa formation à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, Brice Clotaire Oligui Nguema se hissera au poste d’un des aides de camp d’Omar Bongo Ondimba.
Système Bongo sans Bongo ou la fin d’un cycle ?
Brice Oligui Nguema est un Général riche et puissant. C’est un homme du système Bongo. Le nom du nouvel homme fort du Gabon est revenu à plusieurs reprises dans des affaires de biens immobiliers aux États-Unis. Selon une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, il aurait acheté trois propriétés dans le Maryland entre 2015 et 2018. Le tout, pour plus d’un million de dollars payé en cash. Selon la même source, Brice Oligui Nguema est d’ailleurs le cousin d’Ali Bongo.
Les Révolutions de Palais en Afrique : Lorsque les Élites Saisissent l’Opportunité du Changement
Les gabonais qui sont dans l’euphorie (on les comprend) feraient bien d’être prudents… Au risque de se « réveiller » avec la gueule de bois. Cette révolution de palais qui ne dit pas son nom est un classique dans l’anthologie des coups d’Etat. Les révolutions de palais en Afrique sont souvent des moments critiques où les élites politiques et militaires saisissent l’opportunité de renverser le pouvoir en place, pour promouvoir leurs propres intérêts ou pour répondre aux aspirations populaires.
Un exemple notable se trouve au Soudan en 2019, lorsque les généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo ont renversé le président Omar El Bechir, qui avait gouverné d’une main de fer pendant près de trois décennies. Face à des mouvements populaires croissants contre son régime, les généraux ont choisi de prendre les devants en renversant El Bechir, espérant ainsi éviter d’être submergés par l’effervescence populaire. Cependant, ces transitions peuvent être complexes, avec des défis tels que la reconstruction politique et la consolidation du pouvoir dans un climat souvent instable.
En 2017, le #Zimbabwe a été le témoin d’une transition politique majeure lorsque le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a été évincé. Sous la pression de l’armée et des manifestations populaires, Mugabe a été contraint de démissionner. Cette révolution de palais a ouvert la voie à l’ascension d’Emmerson Mnangagwa, ancien vice-président de Mugabe et une figure influente au sein du parti au pouvoir, la ZANU-PF. Mnangagwa, surnommé « le Crocodile », a été perçu comme un changement potentiel, mais la manière dont il a accédé au pouvoir a suscité des débats sur la véritable nature de la transition et sur la continuité du régime.
L’Égypte a connu une série de changements politiques depuis le début des manifestations du Printemps arabe en 2011. Les manifestations massives ont abouti à la chute du président Hosni Moubarak, qui avait dirigé le pays pendant près de trois décennies. Cependant, les espoirs de démocratie se sont rapidement estompés avec l’élection du président Mohammed Morsi, membre des Frères musulmans. Face à l’instabilité politique et à l’opposition croissante, le Général Abdel Fattah al-Sissi a orchestré un coup d’État en 2013, renversant Morsi et prenant le pouvoir. Al-Sissi a depuis été élu président, mais son règne est critiqué pour sa répression sévère envers les dissidents et pour la consolidation du pouvoir militaire.
Ces exemples illustrent les révolutions de palais en Afrique, où des changements de leadership se produisent souvent dans un contexte complexe de tensions politiques, de mécontentement populaire et de lutte pour le renouveau politique. Les conséquences de ces transitions varient, allant de l’ouverture à de nouvelles opportunités à la persistance de certaines tendances autoritaires ou oligarchiques.
Quel avenir ?
Quelle offre politique le Général Brice Oligui Nguema va proposer au #gabonais ? On attend de voir. Les déçus et frustrés du régime Bongo qui se sont retrouvés dans l’opposition devront se réinventer pour participer à la nouvelle dynamique qui s’amorce.
Le Gabon est le quatrième producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne, et possède de nombreuses ressources minières comme de l’or, de l’uranium, du fer. Son territoire est composé à plus de 90% par des forêts. Malgré son potentiel économique, le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive.
Le coup d’État au Gabon qui vient d’ébranler les fondations de la dynastie #Bongo montre qu’il n’y a rien de définitivement acquis. Le pays, avec ses ressources abondantes, porte les rêves d’une nation prospère. Mais la transition ne sera pas sans défis. Les gabonais attendent du nouveau dirigeant qu’il transforme leur pays en un miracle économique, un « mini #Qatar ». Les ressources sont là, mais la transformation nécessite une vision solide, une gestion sage et une ouverture aux opportunités.
Les gabonais espèrent que la promesse tant attendue de prospérité ne sera pas une illusion éphémère. L’histoire, elle seule, dévoilera le sort réservé à ce pays en pleine évolution.
Frédéric Domesso Somda
domesso@mot2passe.com
Gabon ; les militaires putschistes nomment le général Brice Oligui Nguema chef de la transition