Gabon : Et Si le Coup d’Etat Arrangeait Tout le Monde ?
Gabon : Et Si le Coup d’Etat Arrangeait Tout le Monde ?
Les mystères du Coup d’Etat qui a entraîné la chute d’Ali Bongo commencent à s’éclaircir petit à petit. Et on n’en n’a pas fini ! Parler du système Bongo père, fils… est une véritable saga, tellement les enchevêtrements vont au-delà de la famille, du clan, les affidés du clan et leurs bénéficiaires.
Les Bongo, c’est une famille qui a régné sur le Gabon pendant plus d’un demi-siècle. L’écosystème que #Bongo père a laissé en héritage à Bongo fils connaîtra une « évolution » qui va provoquer grincements de dents, déceptions, humiliations pour certains, au sein de la famille, du clan et au sein des ténors du régime de Bongo père. Normal que le fils, sans vouloir s’affranchir du père, ait voulu imprimer sa marque dans la gestion du pouvoir.
Brice Oligui Nguema le Gardien des Secrets
Le Général Brice Oligui Nguema n’est pas sorti du néant. Il a été un des aides de camp de Bongo père, pour ne pas dire le principal. En 2009, Pendant qu’Omar Bongo se trouvait à l’article de la mort en Espagne, il était un des rares collaborateurs qui était auprès de lui. C’est pratiquement lui qui lui a fermé les yeux lorsqu’il a expiré. Le patriarche sentant sa santé décliner, l’avait fait venir et lui a demandé de s’engager, de jurer de prendre soin de son fils Ali. Le nouvel homme fort de Libreville est donc très bien placé pour connaître les faiblesses et les failles d’Ali Bongo. Le Général Brice Oligui Nguema est le gardien des secrets de la république gabonaise. Les petits secrets, comme les grands secrets. En d’autres termes, c’est un sachant !
Lorsqu’Ali Bongo succède à son père, leurs relations se dégradent au point qu’il est éloigné du #Gabon pendant une dizaine d’années, comme attaché militaire au #Maroc et ensuite au #Sénégal. Le Général Brice Oligui Nguema va très mal vivre cette période qu’il considère comme une injuste traversée du désert. Il devra son retour à #Libreville, à la faveur de la piteuse tentative de coup d’Etat du 7 janvier 2019, pendant qu’Ali Bongo était en convalescence au Maroc.
Il se raconte que Brice Oligui Nguema entretenait des rapports exécrables avec la Première Dame Sylviane Bongo et Noureddine Valentin Bongo, le fils aîné d’Ali Bongo qui était le tout puissant Coordonnateur Général des Affaires Présidentielles… Le petit président en quelque sorte. Il y avait également tout le réseau qui entourait Noureddine. Ce beau petit monde faisait subir humiliations et vexations au Général Brice Oligui Nguema, de façon constante.
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Vous avez dit révolution de palais ?
Les Kongossa (commérages) à #Libreville évoquent la possible implication de Pascaline Bongo dans le renversement de son frère Ali Bongo. Autrefois un pilier du régime de Bongo père, Pascaline Bongo a perdu de son influence depuis qu’Ali Bongo est arrivé au pouvoir, se retirant de la scène publique au point où certains se demandent si elle réside vraiment au Gabon.
À l’intérieur même du clan Bongo, une division nette se dessine entre ceux qui aspirent à hériter du pouvoir de Bongo père et ceux qui sont souvent perçus comme des opportunistes gravitant autour du fils.
Or le Général Brice Oligui Nguema était le « petit » de Omar Bongo… son « bon petit » même ! Ce putsch est en réalité l’épilogue de l’impitoyable guerre de clans que se livrent les caciques de la communauté Téké (Haut-Ogooué), dont est issue la famille Bongo, pendant qu’Ali Bongo poursuivait une difficile rééducation au Maroc.
C’est dans cette atmosphère que les militaires ont saisi l’occasion des élections contestées pour intervenir. Agir plus tôt aurait été précipité, tandis qu’attendre aurait pu les exposer à une vague populaire inarrêtable. Dans de telles situations, l’histoire montre qu’il est parfois préférable de prendre des mesures drastiques au sein de son propre camp pour protéger l’essentiel, plutôt que de laisser d’autres acteurs nettoyer la scène.
En opérant ce coup d’État, le Général Brice Oligui Nguema, représentant la fidélité envers Bongo père, a d’une certaine manière « préservé » l’intégrité de la grande maison Bongo.
Comment va manœuvrer Le Général Brice Oligui Nguema ?
La famille et les origines du Général Brice Oligui Nguema sont intéressantes. Son père était de l’ethnie Fang, de la région du Woleu-Ntem, mais il n’a pas été officiellement reconnu à sa naissance. Il a été principalement élevé par sa mère, qui était Téké, de la région du Haut-Ogooué. Il a donc, des liens familiaux avec les Bongo, la famille au pouvoir, où il a grandi.
A l’analyse, cette double filiation communautaire s’avère être un atout pour lui, parce que les Fang (Nord du Gabon, proche de la frontière du Cameroun) ont souvent considéré qu’ils avaient été injustement évincés des instances de décisions, au regard de leur poids démographique dans le pays, mais aussi de la haute hiérarchie militaire.
L’écosystème qu’avait mis en place Omar Bongo était d’une extrême complexité. Bongo père était très habile à gérer les grands équilibres avec les différentes communautés qui composent le pays. Ce qui va se produire, avec l’arrivée du Général Brice Oligui Nguema, c’est une une tentative de reprise en main de l’ensemble de cet écosystème, en excluant la dynastie qui l’incarnait. Exit donc la famille #Bongo.
Dans certains pays africains, la #gouvernance est souvent fondée sur des alliances avec divers groupes d’intérêt et des communautés, ce qui est essentiel pour rester au pouvoir, plutôt que de suivre strictement les processus formels de désignation des dirigeants. Ce qui est le cas au Gabon. Le Général Brice Oligui Nguema devra donc être un fin stratège dans ses actions pour réussir.
Il n’y aura pas de Bongo petit-fils au pouvoir
Finalement, le pouvoir d’Ali Bongo s’est révélé plus fragile que celui de son père. C’est dommage, parce qu’il avait toutes les manettes entre ses mains, pour permettre au Gabon d’amorcer un véritable développement. Il est difficile de comprendre que ce pays si riche soit habité par des pauvres.
Ali Bongo avait un autre agenda. Celui, vraisemblablement d’articuler les dynamiques souterraines pour installer son rejeton sur la trajectoire successorale du trône. Il y a eu Bongo père, Bongo fils… mais il n’y aura pas de Bongo petit-fils au sommet de l’Etat gabonais. Le téléchargement de la transmission du pouvoir dynastique a été interrompu brusquement depuis le mercredi 30 août 2023, par un certain Général Brice Oligui Nguema… l’oncle que Noureddine Valentin Bongo malmenait il n’y a pas longtemps. La vie réserve vraiment des surprises.
Une page se tourne, mais le grand livre reste le même. La « lecture » continue, entre les caciques du Haut-Ogoué (fief de la famille Bongo), avec certainement des accommodements. Il ne faut pas rêver que le Général Brice Oligui Nguema va procéder au grand chambardement. Il va prêter serment incessamment. Sa priorité sera d’asseoir son autorité, tout en veillant aux grands équilibres, internes et surtout internationaux.
Nous pouvons parier que l’heure des manœuvres souterraines a déjà commencé. Entrepreneurs politiques gabonais, prêts ? Partez !!!
Frédéric Domesso Somda
domesso@mot2passe.com
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