Fintech : pourquoi faut-il regarder de près la Chine ?
Séparée en deux par ses spécialités, la Chine arrive désormais à se présenter comme un acteur sur lequel il faudra compter sur le marché des fintech !
Dans plusieurs domaines de l’économie numérique, la Chine est en pointe : l’usage des réseaux sociaux avec la galerie de services sur WeChat (805 millions d’utilisateurs), le mobile commerce et le O2O (Online to offline) avec par exemple le succès de Didi Chuxing. Peu connu au-delà des frontières chinoises, son approche globale des transports : taxi, chauffeur privé, covoiturage, fonctionne si bien que son concurrent Uber a dû renoncer en août dernier au marché chinois. Mais son attrait pour les Fintech est également remarquable.
Et lorsque l’on s’intéresse au domaine, la montagne asiatique a deux faces. Dans une certaine mesure, on constate ce même type de séparation entre une partie des Fintech située dans la Silicon Valley, et celles localisées à New York, où les géants de la finance attirent les Fintech spécialisées.
Le crédit en question
Ainsi, côté ubac, tout d’abord, on trouve les Fintech retail. Ici, la Chine Continentale tient le haut du pavé avec les plateformes de crédit P2P (de pair à pair) et le paiement mobile. Outre la capacité de développement numérique de la Chine – une plateforme transactionnelle peut être créée ici en six mois – plusieurs raisons expliquent le développement des plateformes de crédit qui comptent pour la très grande majorité des acteurs dits « Fintech » sur le marché chinois.
Le marché est à la fois immense et plein de potentiel : 47 % de la population chinoise vit à la campagne et n’est presque pas bancarisée. Les plateformes de crédit permettent de s’affranchir des vastes géographies du pays. Côté emprunteurs, la pression sur les individus concernant le sérieux de leurs données facilite les techniques de credit scoring. Ant Financial en a déjà tiré parti en finançant en ligne plus de 4 millions de PME. L’honnêteté du citoyen, enfin, est un élément central du système confucéen chinois : en 2020, un système de Crédit Social sera mis en place pour les 700 millions d’internautes du pays.
Concernant le paiement mobile, la croissance spectaculaire des smartphones associée au développement des solutions mobiles intégrées dans les applications les plus populaires (WeChat, Alibaba…) amènent la classe urbaine connectée à payer presque toutes ses courses avec son téléphone. Alipay, la solution de paiement d’Alibaba, compte ainsi plus de 400 millions d’utilisateurs.
L’autre versant de la montagne
Côté adret, cette fois, on retrouve les Fintech pour banque d’investissement, gestion d’actifs… Singapour et Hong Kong sont aujourd’hui leaders, notamment parce que la plupart de leurs clients restent à proximité. Les startups dans la blockchain (Otonomos, start up singapourienne spécialisée dans les smart contracts) ou les Robo Advisor s’y développent fortement.
Malgré ce balancement régional, l’erreur serait de croire que l’innovation dans les Fintech ne touche pas la Chine. Des acteurs traditionnels comme Ping’An (assurance – banque – investissement) ont réussi des mutations numériques spectaculaires qui les ont conduits à créer de brillantes spin-off comme Lufax, plateforme d’investissement en ligne qui gère déjà plus de 260 millions d’investisseurs. Enfin les géants de l’Internet chinois, à l’instar de Baidu qui investit 15 % de ses revenus dans la R&D, ne seront pas en reste. Notamment via l’Intelligence Artificielle, et les avancées faites en Chine sur la reconnaissance vocale (axe clef dans un pays aux 15000 idéogrammes) qui vont créer les prochaines aides à la décision pour les amateurs d’investissements. L’histoire est de ce côté de la montagne.