Les États-Unis en cyberguerre contre le programme nucléaire nord-coréen
Alors que la Corée du Nord multiplie les tirs de missiles interdits par l’ONU, une enquête du New York Times nous apprend que les Etats-Unis ont tenté de saboter le programme balistique nord-coréen à l’aide de virus informatiques et de cyber-attaques. Une « cyberguerre secrète » qui aurait réussi à provoquer l’échec de plusieurs tirs…
Les Etats-Unis ont mis au point des techniques de sabotage électronique qui sont destinées à frapper un missile ennemi avant même qu’il ne soit tiré, ou dans les secondes qui suivent son lancement. Par exemple, en introduisant des erreurs dans les logiciels de ses systèmes de guidage et de navigation. Ou en brouillant les signaux GPS.
Une approche initiée par Obama
Selon le quotidien américain New York Times, c’est début 2014 que le président Barack Obama a décidé d’utiliser cette cyber-approche pour frapper le programme balistique nord-coréen. A l’époque, ce programme affiche des progrès plus rapides que prévu qui inquiètent Washington. Les systèmes traditionnels d’interception de missile – à l’aide d’autres missiles – sont en effet souvent inefficaces, en plus d’être très coûteux. Les attaques électroniques peuvent réussir : on se souvient du fameux virus « Stuxnet », conçu pour infecter les logiciels contrôlant les infrastructures nucléaires iraniennes. Ce virus avait réussi à ralentir considérablement le programme d’enrichissement d’uranium de Téhéran.
Une cyberguerre efficace selon le New York Times
Dans le cas de la Corée du Nord, les résultats des hackers américains sont difficiles à évaluer mais ce qui est certain, c’est que récemment un nombre remarquable de tirs de missiles nord-coréens se sont conclus par des explosions, quelques secondes après leur lancement. Ces explosions peuvent bien sûr s’expliquer par les problèmes de fabrication et de réglages habituellement rencontrés lors de la mise au point d’un nouveau missile. Mais selon les sources du New York Times, les efforts américains ont permis d’augmenter le nombre de ces échecs. C’est notamment le cas du nouveau missile à moyenne portée, le Musudan : 88% de ses tirs ont échoué. Les défenseurs de cette approche électronique assurent qu’elle aurait permis de retarder de plusieurs années le programme balistique nord-coréen.
Pour certains, cela semble difficile d’imaginer la possibilité de de mener des attaques informatiques dans un pays aussi hermétique à Internet que la Corée du Nord. En Corée du Nord, très peu d’individus et d’organisations ont accès à internet. Et le pays est si contrôlé qu’on voit mal comment des espions américains auraient pu prendre contact avec des ingénieurs nord-coréens pour leur glisser une clé USB contenant un virus.
Piratage informatique et diplomatie
Le New York Times a pris soin de ne pas révéler les détails trop confidentiels. Mais ce qui est sûr, ce que ces cyberattaques ne sont pas une solution à long terme : dans le meilleur des cas, elles n’ont fait que retarder un programme d’armement considéré par le dirigeant Kim Jong-un comme sa meilleure chance de survie. Ce programme continue de se développer vite ; et pour l’arrêter, le piratage informatique ne pourra pas se substituer à la diplomatie.
Frédéric Ojardias
Rfi.fr