Vous avez dit E-Réputation ?

Nous allons parler aujourd’hui de la réputation numérique ou e-réputation. En effet, l’ère du numérique nous expose de plus en plus et nous devons en prendre toute la mesure. La notion de vie privée est sur le point d’exploser. « Un bébé qui naît aujourd’hui, grandira sans la moindre notion de ce que signifie Vie Privée », dixit Edouard Snowden, ancien espion de la NSA.
Qui peut prétendre se passer de la toile aujourd’hui ? Très peu de personnes… lire la presse, consulter son compte bancaire, passer des commandes de bien de consommation courante, etc. Mais savez-vous que, chaque fois que vous surfez sur internet, vous y laissez une trace ? Nom, adresse, parfois coordonnées bancaires, ou encore vos goûts, vos passions, vos centres d’intérêts.
Qui récupère ces données ? Pour quel usage ? … pour ainsi dire, un monde où il y n’y a plus d’intimité, ni de secret. Aujourd’hui internet est un gros village, dans lequel on trouve de bonnes, comme de mauvaises choses… stockées dans un Datacenter (centre de données), une espèce de bibliothèque géante qui abrite 24h/24 des millions d’informations personnelles, venant des téléphones portables, des tablettes, des ordinateurs, dès que nous surfons sur internet. Et avec les TIC, accéder à des informations confidentielles est devenu un jeu d’enfant ! C’est pourquoi nous devons faire attention à tout ce que nous mettons sur les réseaux sociaux.
Nous sommes, aujourd’hui, plus d’un milliard, dans le monde entier, à utiliser ces réseaux sociaux, notamment les plus célèbres, Facebook et Twitter. Internet fonctionne donc comme une place publique, où les utilisateurs livrent toutes les informations sur leur vie. Mais ces données personnelles sont de plus en plus récupérées, légalement ou non (c’est une mine d’or pour les entreprises qui les commercialisent), par des publicitaires, mais aussi par d’autres internautes malintentionnés.
C’est pourquoi nous devons être conscients que notre vie numérique nous expose à des pièges… Quelles traces laissons-nous derrière nous sur internet ? Que peut savoir de nous, quelqu’un qui ne nous connaît pas ?
Les jeunes africains ne sont pas différents de leurs contemporains d’Amérique, d’Europe, d’Océanie. Des études sérieuses ont démontré les jeunes africains ont les mêmes « besoins » que ceux de leurs semblables du monde occidental. Cette génération est donc celle dont la vie numérique est potentiellement la plus exposée.
Imaginons un brillant jeune homme, appellons-le Séry, pour illustrer notre exemple. Séry qui a été classé dans le Top 5 de sa promotion Grande Ecole de Commerce, vient de passer, avec succès, toutes les étapes de recrutement qu’un cabinet international de chasseur de tête a lancé. Séry est proposé dans la short list et a la préférence du cabinet.
Selon vous, que va faire le recruteur ? Mais il va tout simplement aller consulter la toile, pour savoir ce qu’on dit de Séry sur internet … Le recruteur veut évaluer ce qu’on appelle la e-réputation de Séry. Il va donc sur Google et formule une requête aux nom et prénom de Séry. Or le ventre de Google n’est pas valise. La bouche de Google ne porte pas caleçon. En argot ivoirien ces expressions signifient que Google est très bavard et qu’on y trouve presque tout.
Quel est le résultat de la requête formulée sur Séry ? En tête des réponses, des photos de Séry, immortalisant une de ses virées nocturnes dans la capitale. On y voit Séry assis avec ses copains devant un charnier de bouteilles alcoolisées. Sur une autre photo, Séry entrain de djah foule, dans un dangereux Zoblazo de Meiwey. Sur la dernière photo, Séry est couché sur le goudron, entrain de défier les véhicules, qui sont obligés de le contourner, pour éviter de l’écraser. Les informations indiquant les brillantes performances de Séry à l’Ecole de Commerce ne viennent qu’en dernière position. Abaa ! Voilà Séry dans pain (dans de beaux draps).
A la découverte d’un profil pour le moins exubérant, que pensez-vous que le recruteur va retenir de Séry comme impression ? Un fêtard doublé d’un alcolo. Séry s’est grillé… tout seul, parce que ces photos ont été trouvées sur son profil Facebook. Qui les y a déposées ? C’est Séry lui-même.
Voilà comment l’internaute peut se créer une identité numérique parallèle, qui ne reflète pas toujours la réalité de sa personnalité. Le fait de ne pas verrouiller l’accès à son profil permet à l’investigateur de découvrir sur vous d’autres infos plus intimes… Ainsi, vous construisez votre identité numérique, à chaque fois que vous « balancez » quelque chose sur internet, sur votre profil. Il faut donc le savoir et il faut surtout l’assumer !
Hélas, les recruteurs qui se renseigneront sur vous, ne vous connaîtront que sous cet angle. Et il n’y a pas que ce problème. Savez-vous que votre double numérique peut être façonné par d’autres personnes ? Vous pouvez vous retrouver, par exemple, d’être taxé de malhonnête, par quelqu’un qui veut salir votre réputation. Très facile à faire sur certains sites réservés aux professionnels, ou sur les réseaux sociaux. La personne ira vous traiter de tous les noms d’oiseaux et mettre en garde les personnes qui envisageraient de vous confier du boulot.
On observe une variante de cette dérive sur YouTube, où certains acteurs du showbiz se règlent des comptes, parfois avec une violence et des grossièretés que la pudeur nous commande de ne pas décrire ici. Si on part de l’hypothèse que le flingeur a 10.000 followers, imaginez comment ses posts qui vous diffament vont inonder la toile. En attendant que vous puissiez apporter la preuve du contraire, bonjour les dégâts.
Le caractère viral de ce phénomène a fait naître un métier. C’est la Gestion de Réputation Numérique. Sur Internet, l’évolution rapide des réseaux sociaux a fortement accéléré la diffusion d’information en ligne, et alimente les médias de masse. En Côte d’Ivoire. On l’a bien constaté pendant les élections législatives, les mutineries et la grève des fonctionnaires. C’était presque du temps réel ! Autant Internet permet aux entreprises d’exister, autant il peut également être le déclencheur d’une crise beaucoup plus importante qu’elle ne l’aurait été autrefois. Cette nouvelle configuration de la gestion de crise oblige les entreprises et les institutions à s’entourer de partenaires spécialisés qui prennent en charge la gestion de leur e-réputation afin qu’elles puissent se consacrer pleinement à leur activité.
Votre entreprise subit une crise ou ses effets rétroactifs ? Vous continuez d’être la cible de groupes d’internautes peu scrupuleux ? Les établissements de ce segment de la Digital Economy réalisent pour leur clientèle (entreprises, institutions, VIP, Hommes politiques), l’audit, le nettoyage numérique et assurent la veille stratégique de leur réputation numérique. Ils disposent d’équipes qui ont l’expertise avérée pour protéger et assurer le management de votre réputation numérique sur les réseaux Google, YouTube, FaceBook et Twitter.
Un monsieur qui en aurait bien besoin, au moment où j’écris ses lignes, c’est François Fillon, alias Monsieur Propre, candidat aux élections présidentielles françaises. L’emploi de sa femme, de ses enfants, la ristourne sénatoriale, les activités de sa société de conseil… Les nuages s’amoncellent au-dessus du candidat.
Prise dans un tourbillon médiatique avec différentes révélations, l’équipe de François Fillon a décidé de répliquer. Sur tous les terrains, y compris celui des réseaux sociaux. Pour contrer la déferlante sur Twitter ou sur Facebook où l’on se moque allégrement des difficultés du couple (les gens sont méchants dèh !), le hashtag #StopChasseàLHomme a été lancé. Erreur de Gawa !
#StopChasseàLHomme s’est très vite trouvé dans les hashtags les plus utilisés. Réussite de la stratégie de communication ? Pas vraiment. Des Affairés ont remarqué que le même message avait été posté à de nombreuses reprises sur différents comptes pour inonder Twitter. On appelle ça avoir recours à des « bots », des comptes inactifs créés juste pour l’occasion. Depuis, sur Twitter, on tourne en dérision cette stratégie de com cousue de fil blanc. Ça veut dire quoi ? Cela signifie que la Médiation Numérique, la Gestion de Réputation Numérique est un métier !!! Évidemment, cela a un coût… qui n’est pas à la portée du premier venu !
Alors, chers jeunes africains, faites un usage sage des réseaux sociaux qui sont de l’ordinaire de votre quotidien. Vous l’avez constaté, avec l’exemple de Séry, une fois les informations postées sur le web, elles laissent une trace indélébile. Elles sont lues, commentées, relayées sans que vous ne puissiez réellement les maitriser. Ce sont des instruments formidables de votre épanouissement… qui peuvent se retourner de manière redoutable contre vous. Le récent cas de Serge Aurier, défenseur du Psg, nous parle ! Il ne faut pas que ce soit votre cas. Nous vous rappelons que la vitalité singulière avec laquelle vous croquez la vie à pleines dents sur internet, vous devez l’assumer, en toutes circonstances. Votre réputation numérique est un capital précieux. Ne le dilapidez pas. A bon entendeur …
Frédéric Domesso